Pour les fervents suiveurs de Ligue 1 le nom de Joseph-Antoine Bell est loin d’être inconnu pour d’autres au contraire, celui-ci n’évoque pas grand chose et pourtant cet incroyable gardien camerounais mérite d’être connu. Passé par Marseille, Saint- Etienne ou Bordeaux, voilà l’histoire d’un des plus grands derniers remparts africain de l’histoire.
Une précocité juste inconcevable. À tout juste 15 ans, Joseph-Antoine Bell débute sa carrière en Division 2 camerounaise. Dès le début, ses arrêts atypiques étonnent le monde du football, ses réflexes assez fous lui permettent de se faire un nom dès son plus jeune âge. Il intègre d’ailleurs dès 1976 l’équipe camerounaise. Malgré son talent pour le football, le Camerounais fait une petite parenthèse pour continuer ses études. Il perd donc sa place en sélection nationale laissant son rival de toujours Thomas N’Kono briller avec les Lions Indomptables. Mais, une fois ses études terminées, Joseph-Antoine Bell revient encore plus fort.
Un grand gardien est né
L’année 1981 marque un tournant, alors qu’il a déjà 27 ans, le portier débarque en Egypte sous les couleurs des Arab Contractors. Il y devient champion national, puis d’Afrique. Des performances lui permettant de survoler la Coupe d’Afrique des Nations 1984. Sa performance en demi-finale contre la Côte d’Ivoire, pays organisateur, est marquante. Il est encore titulaire en finale face au Nigéria et permet aux Lions Indomptables de remporter pour la première fois de leur histoire ce trophée. Il devient indiscutable en sélection. Après celle-ci, le gardien camerounais fait un break d’un an, et signe en 1985 à l’Olympique de Marseille. Rien que ça.
La France comme havre de paix
Il reste en Provence pendant trois saisons durant lesquelles il s’impose comme un titulaire indiscutable.Il dispute près de 150 matches en première division et continue de briller en sélection remportant la CAN une seconde fois en 1988 aux côtés de Roger Milla. Il part ensuite une saison à Toulon avant de rejoindre Bordeaux pour 2 ans. Un événement va marquer le monde du football, avec les Girondins Joseph-Antoine Bell retrouve le Vélodrome et la bêtise humaine va prendre le dessus. Des bananes sont lancées en sa direction depuis les tribunes marseillaises.
La bêtise humaine
La polémique gronde et le Camerounais s’est exprimé par la suite à ce sujet. « J’étais le premier gardien noir. Ça n’a pas été plus facile pour moi, mais ça l’a été pour ceux qui sont arrivés après moi. À l’époque, tout le monde pensait qu’un noir ne pouvait pas être assez sérieux ou assez intelligent pour être gardien de but. Les gens pensaient qu’on ne pouvait pas faire confiance à un noir à ce poste, qu’un gardien noir n’était pas fiable. Les gens ne s’attendaient pas à ce qu’un noir puisse être bon au poste de gardien, mais j’ai réussi à le prouver, et depuis le message est passé. C’est pourquoi j’affirme que c’est par le comportement que l’on peut faire changer les gens. Ceux qui pensaient que les noirs n’étaient pas assez sérieux pour être gardiens de but avaient raison à l’époque parce qu’ils n’avaient jamais vu de bon gardien noir. Une fois qu’ils en ont vu un, ils ont su qu’ils s’étaient trompés et c’est par des actes que j’ai fait évoluer leur opinion. »
Une dernière belle expérience
Après la descente des Girondins de Bordeaux en 1991, le portier veut trouver un dernier challenge. Il est déjà âgé de 37 ans mais veut continuer à jouer. Il rebondit à l’AS Saint-Etienne, club dans lequel il finira sa carrière en beauté avec trois saisons bien remplies en tant que numéro 1. La Coupe du monde 1994 marque la fin de sa carrière, il a alors 40 ans. Une dernière expérience au goût amer, Joseph-Antoine Bell comme ce en tant que titulaire mais décide de son plein gré de laisser sa place après avoir encaissé deux buts contre la Suède et trois face au Brésil. Il assiste donc au dernier match des Lions Indomptables des tribunes. Résultat une défaite, 6-1 contre la Russie. La belle carrière de Joseph-Antoine Bell prend fin.
Une grande gueule !
Même s’ il n’est plus joueur, l’ancien marseillais ne quitte pas le monde du football pour autant et les Camerounais sont au courant. Il devient entraîneur, puis chroniqueur à RFI puis dirigeant. Sa grande gueule et son franc-parler lui ont valu quelques inimitiés mais cela ne lui pose pas de problème. Et encore aujourd’hui à 69 ans, il n’hésite pas à faire parler de lui. Il n’hésite pas a donné son avis dans l’affaire Samuel Eto’o/ Marc Brys sans filtre. Un sacré personnage !