Alors que l’Olympique de Marseille s’apprête à retrouver la prestigieuse Ligue des Champions après une saison conclue à la deuxième place de Ligue 1, la direction sportive phocéenne scrute le marché à la recherche de renforts offensifs à coût mesuré. Parmi les pistes étudiées figure un nom intrigant : celui de Lassine Sinayoko, attaquant de 25 ans en provenance de l’AJ Auxerre.
Inconnu du grand public il y a encore deux ans, le Malien s’est imposé comme un élément clé du maintien et de la belle saison auxerroise en 2024-2025. Son profil questionne et fascine à la fois : est-il une doublure crédible pour l’OM version Ligue des Champions, ou un pari trop incertain ?
Un profil en pleine progression
Né le 8 décembre 1999 à Bamako, Lassine Sinayoko a découvert le football professionnel sur le tard par rapport à certains de ses contemporains. Formé dans les divisions inférieures, il s’est imposé progressivement à Auxerre, club avec lequel il a connu la montée en Ligue 1, et où il a confirmé sa valeur cette saison. En 2024-2025, il a disputé 35 rencontres toutes compétitions confondues, dont 34 en championnat, pour un bilan de 5 buts et 9 passes décisives. À première vue, ces statistiques ne sont pas spectaculaires. Mais elles cachent une réalité plus nuancée : Sinayoko n’est pas un pur buteur, mais un joueur de couloir au profil généreux, capable d’étirer les défenses, de faire des différences dans les un-contre-un et de créer des espaces pour ses partenaires.
Son influence lors des deux confrontations entre Auxerre et l’OM cette saison a d’ailleurs laissé des traces dans les mémoires : un but et deux passes décisives, contribuant directement aux deux victoires bourguignonnes face aux Marseillais. C’est peut-être à ce moment-là que son nom a été noté dans les carnets de la cellule de recrutement olympienne.
Une opportunité financière sur le marché français
Estimé à 4 millions d’euros selon Transfermarkt, Sinayoko représente une option abordable pour un club comme Marseille, qui cherche à optimiser ses investissements. Toutefois, le montant réclamé par Auxerre pourrait être plus élevé, aux alentours de 8 à 12 millions d’euros. Cette valorisation reste néanmoins raisonnable dans le contexte d’un marché estival souvent surchauffé. Surtout quand on compare à d’autres profils offensifs étrangers ou même de Ligue 1, souvent bien plus onéreux.
Auxerre, qui vient de réaliser une belle saison, sait qu’il doit vendre pour consolider son effectif et équilibrer ses comptes. Pour l’OM, il pourrait s’agir d’un coup malin, à condition d’avoir un plan clair pour intégrer le joueur dans la rotation.
Le plan marseillais : une doublure capable de dynamiter les fins de match
L’OM se prépare à un calendrier chargé avec la Ligue 1, la Ligue des Champions, la Coupe de France et, potentiellement, la Coupe de la Ligue si elle venait à être réintroduite. Dans ce contexte, la nécessité de doubler chaque poste est une évidence, notamment sur le front de l’attaque. Actuellement, l’OM peut compter sur des titulaires solides, mais le banc manque de profondeur.
Sinayoko apporterait une vraie solution de complément. Son profil de joueur vertical, mobile, capable d’occuper l’aile comme l’axe, correspond à ce que recherche le staff : un élément capable de déséquilibrer des défenses fatiguées en fin de match, ou d’apporter une alternative tactique. Sa capacité à répéter les efforts sans ballon, à presser et à se replier défensivement est également un atout dans un collectif où l’implication physique est exigée à chaque poste.
Les doutes : irrégularité et finition perfectible
Malgré ses qualités indéniables, des interrogations subsistent. D’abord sur son irrégularité : Sinayoko alterne encore les périodes d’influence et les passages à vide. S’il a brillé face à l’OM ou dans certains matchs décisifs, il lui arrive aussi de disparaître des radars sur plusieurs rencontres.
Ensuite, sa finitions devant le but reste perfectible. Pour un joueur offensif, inscrire seulement cinq buts sur une saison complète, même en tant qu’ailier, peut être vu comme un signe de limites dans la projection offensive. À Marseille, où l’exigence est élevée et la pression constante, il faudra franchir un palier mental et technique.
Enfin, la question de son adaptation à un vestiaire aussi exposé que celui de l’OM se pose. Il s’agit d’un environnement très différent de celui d’Auxerre, avec des attentes plus grandes et une concurrence accrue. Est-il prêt à accepter un rôle de doublure, tout en étant capable de saisir sa chance lorsqu’elle se présentera ? C’est un pari que le staff technique devra peser avec attention.
Un potentiel à révéler dans un cadre plus ambitieux ?
Il n’est pas rare que des joueurs issus de clubs plus modestes explosent une fois intégrés dans un collectif plus structuré, avec un encadrement de haut niveau. Sinayoko semble avoir la mentalité pour progresser, et à 25 ans, il entre dans ce que beaucoup considèrent comme l’âge de maturité pour un joueur offensif. S’il parvient à être mieux servi, à jouer avec des partenaires plus talentueux, il pourrait hausser son niveau de jeu, notamment en matière de statistiques.
L’OM l’a montré ces dernières saisons : il est capable de relancer ou de révéler des profils sous-estimés, à l’image de Chancel Mbemba ou Iliman Ndiaye. Dans cette optique, Sinayoko pourrait s’inscrire dans cette dynamique, à condition d’un accompagnement personnalisé, notamment sur le plan mental et technique.
Verdict : un pari rationnel, mais à encadrer
Lassine Sinayoko n’est pas la recrue qui enflammera les réseaux sociaux ou remplira les pages des journaux, mais il représente un pari mesuré et réfléchi. Son prix, sa connaissance de la Ligue 1, sa polyvalence et son profil complémentaire en font une option séduisante pour étoffer l’effectif marseillais. Il ne s’agit pas d’un titulaire en puissance, mais d’une doublure capable de gratter du temps de jeu, voire de bousculer la hiérarchie.
Dans une saison à quatre compétitions, disposer d’un banc solide fera toute la différence. Sinayoko peut être l’un de ces jokers, à condition de bien l’intégrer, de lui donner confiance et de ne pas attendre de lui ce qu’il n’est pas encore. En somme, un pari à faible coût mais à fort potentiel, si les conditions sont réunies.
Conclusion
Lassine Sinayoko à l’OM, c’est le genre d’opération qui, sans faire de bruit, peut s’avérer précieuse. Une recrue de complément, qui offre du volume, de la variété et un supplément d’énergie, tout en gardant une marge de progression intéressante. Reste à savoir si Marseille prendra ce pari. Mais dans une optique de gestion intelligente et d’anticipation, ce dossier mérite d’être regardé avec sérieux.