Depuis le lancement du projet HAVOBA, l’Agence française de développement (AFD) est un acteur clé dans sa mise en œuvre. Quelle est la philosophie de son engagement ? Où en est le programme ? Et que peut-on espérer pour la suite ? Réponses avec Rémy Rioux, directeur général de L’AFD.
Quel est le rôle de l’AFD dans le projet HAVOBA?
L’Agence française de développement, c’est la banque de développement de la France. Notre rôle est d’accompagner les acteurs français engagés dans la coopération internationale, pour créer des liens positifs entre la France et d’autres pays.
Dans le cas d’HAVOBA, nous avons répondu à un appel : celui du président Emmanuel Macron, lors du sommet Afrique-France en 2021 à Montpellier, qui soulignait l’importance de renforcer les relations avec la jeunesse africaine.
Le sport s’est imposé comme un vecteur idéal de coopération. Il a un potentiel énorme, à la fois économique, social et humain, notamment à travers les diasporas et les échanges culturels. Notre rôle a donc été de soutenir cette dynamique en accompagnant les fédérations sportives françaises dans un projet innovant tourné vers le développement, les formations, les infrastructures… et vers un lien renouvelé entre la France et le continent africain.
Quels sont les critères qui permettront d’évaluer la réussite du programme ?
Un premier bilan d’étape est prévu au début de l’année prochaine. Nous espérons que d’ici fin 2025, les trois quarts du programme seront déployés. Nous observerons de près deux dimensions : les infrastructures sportives, mais aussi la formation. Combien de jeunes auront été touchés ? Quelles compétences auront-ils acquises ? Quels impacts concrets sur leur quotidien ? C’est sur ces bases que nous évaluerons les résultats.
HAVOBA marque aussi un tournant dans les modes de collaboration, non ?
Oui, totalement. Ce projet est inédit : c’est la première fois que l’AFD travaille avec des fédérations sportives. Et pour elles aussi, c’est nouveau. Il a longtemps existé un malentendu entre les mondes du sport et du développement. Le premier n’était pas toujours pris au sérieux par le second, tandis que le sport lui-même mesurait mal son impact social, économique et environnemental. La crise du Covid a joué un rôle de catalyseur. Elle a permis une prise de conscience mutuelle.
Pourquoi avoir ciblé l’Afrique dans ce programme ?
C’est un choix stratégique, évident. En 2050, un jeune sur trois dans le monde sera africain. Cela veut dire qu’un créateur sur trois, un champion olympique sur trois, un joueur de club professionnel sur trois pourrait venir d’Afrique. Ce continent doit pouvoir libérer le potentiel extraordinaire de sa jeunesse. Cela suppose des politiques publiques ambitieuses, des infrastructures solides, une formation adaptée. L’Afrique sera l’atelier du monde, comme la Chine l’a été. Et pour l’Europe, voisine immédiate, cela aura aussi des conséquences majeures. Le monde du sport l’a bien compris.
Comment éviter que ce projet soit perçu comme une nouvelle forme de « France-Afrique » ?
C’est une question centrale. Il faut que ce soit fait de manière ouverte, explicite et non-exclusive. HAVOBA n’est pas un projet « propriétaire » de la France. Il implique déjà la Fédération internationale de basket, et nous invitons d’autres pays européens ou non à nous rejoindre. Nous avons posé les fondations d’une structure solide, mais ouverte à tous. Dans la deuxième phase, après les JOJ de Dakar, nous voulons également intégrer encore plus fortement les diasporas et les territoires d’outre-mer, qui ont largement contribué aux succès du sport français.
Le sport, un langage universel ?
Absolument. Comme la musique ou la cuisine, le sport permet de vivre l’universel, concrètement. Peu importe votre nationalité, votre langue ou votre couleur de peau, ce qui compte, c’est la performance, le dépassement. Dans un monde marqué par le repli, les conflits, la fragmentation, le sport offre un espace commun. Une force de rassemblement.
Quel avenir pour HAVOBA ? Vous semblez optimiste.
Je le suis. Nous avons réaffirmé notre soutien plein et entier, même dans un contexte budgétaire tendu. Nous allons utiliser l’année qui vient pour consolider, élargir, chercher d’autres partenaires : entreprises, fondations, Banque mondiale, etc. L’idée est de passer à l’échelle. La Fondation HAVOBA est centrée sur l’Afrique francophone, mais ses enjeux sont universels. Les Jeux de la jeunesse à Dakar en 2026 ne sont pas des Jeux africains, mais bien mondiaux. Et si les délégations repartent avec une image forte du développement durable et du potentiel de l’Afrique, alors oui, nous aurons réussi quelque chose d’important.
Petit instant photos : La Fondation HAVOBA réunit à la Maison du handball !






