Une histoire assez récente mais une évolution fulgurante. Même si le football féminin a mis du temps à s’implanter sur le continent africain, il commence à se faire une place de choix. Sa visibilité est grandissante mais encore loin d’être égale à celle du football masculin. Un équilibre pourrait être trouvé à moyen terme. PAR MANO BOUVIER. Extrait du WOMEN SPORTS AFRICA N°9.
Invisible. Si jamais vous vous intéressez au football féminin africain vous aurez beaucoup de mal à vous procurer des informations. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cela.Tout d’abord son explosion assez récente. « Le football féminin africain a seulement pris son envol en 1991 lors de la première Coupe d’Afrique des nations féminine. Avant il n’était pas inexistant mais restait totalement marginal », explique Yvan Gastaut, historien français spécialiste de l’histoire du football ainsi que de l’immigration et de ses rapports avec le sport. 33 ans seulement que les femmes se sont fait une place dans le paysage footballistique en Afrique. Cela est très peu, notamment si on compare avec l’apparition de la première Coupe d’Afrique des nations masculine, en 1974. Les femmes ont donc 17 ans de retard, un trou difficile à combler. Mais ici je ne parle que des sélections nationales. Si l’on parle des clubs, le différentiel est plus grand encore.
Des championnats locaux peu développés
Pour poursuivre sur cette comparaison femmes/hommes dans le football africain, il faut parler des clubs. Penchons-nous sur la Ligue des champions africaine. Du côté masculin, sa première édition a eu lieu avant même la création de la première CAN, en 1964. Elle a donc fêté cette année ses 60 ans. Passons maintenant au sujet qui nous intéresse, le football féminin. La Ligue des champions africaine féminine été créée en 2020, il y a seulement quatre petites an- nées. Cette fois-ci, la différence est béante, 56 ans de retard. Mais plutôt que de voir le verre à moitié vide, il est possible de le voir à moitié plein. Les choses avancent lente- ment certes mais sûrement. « Il y a une réelle pépinière de joueuses locales en Afrique. Maintenant la prochaine étape est d’exporter ces joueuses en Europe et même aux USA mais on n’en est pas encore là même si certaines ont déjà réussi », note Yvan Gastaut. Effectivement il suffit juste de je- ter un petit coup d’œil à notre championnat français. Celle qui a été nommée meilleure gardienne de D1 Arkema est une Nigériane évoluant au Paris FC, Chiamaka Nnadozie. Mieux : la meilleure joueuse de la saison est aussi africaine, plus précisément du Malawi. Il s’agit de l’ancienne joueuse du PSG fraîchement arrivée à l’OL, Tabitha Chawinga. Autre exemple encore plus célèbre avec la Nigériane Asisat Oshoala, ex-Barcelonaise, club avec lequel elle a gagné deux Ligue des champions. Elle joue depuis peu aux États- Unis, la nation-phare du football féminin. De nombreuses joueuses talentueuses sont présentes en Europe. Les Africaines sont certes encore marginales mais prennent une place de plus en plus importante.
Des équipes nationales modèles
L’expansion du football féminin africain se voit notamment par quelques sélections qui sortent du lot. Cela crée une réelle dynamique entraînant l’ensemble du continent. « Il y a effectivement des pays qui ont été tout de suite performants, un peu comme chez les hommes aussi, des pays qui ont été porteurs, moteurs. On compte notamment le Nigeria, l’Afrique du Sud, le Maroc dans les pays qui ont été à la pointe. Et aujourd’hui, on est passé à une autre étape, qui est justement le fait que beaucoup de pays, voire tous les pays, constituent une équipe féminine, parce que sans aucun doute, il y a quelque chose à en tirer au niveau de la fierté, de la puissance, de l’économie », dit l’historien français. Le football féminin africain est en train de grandir dans tous les domaines. Rendez-vous dans quelques années pour voir les femmes africaines prendre le pouvoir du ballon rond.