Les révélations s’enchaînent, de plus en plus choquantes. Depuis plusieurs jours le football camerounais connaît un véritable imbroglio causé, entre autre, par la Fecafoot et un duel entre son président, Samuel Eto’o et le gouvernement, en partie au sujet de la nomination du prochain sélectionneur des Lions Indomptables. Explication.
Tout commence le 2 avril 2024, où la présidence de la République du Cameroun approuve l’arrivée du nouveau staff technique des Lions Indomptables, proposé par le ministre des Sports Narcisse Mouelle Kombi. Marc Brys apparaît alors comme le visage qui va reprendre le banc du Cameroun, accompagné des adjoints locaux François Omam Biyik et Ashu Besong. La Fécafoot, instance du football camerounaise, s’y opposait. Quatre jours plus tard, le comité donne le feu vert à la fédération et son président, Samuel Eto’o, pour nommer un nouveau staff technique.
Le délai donné par le CE était de 72 heures, soit trois jours. Problème étant que les choses ont traîné et que la fédération camerounaise de football n’a annoncé sa décision qu’un mois plus tard. On se retrouve alors au début du mois de mai, le 8 plus précisément, avec un nouveau rebondissement après que les Lions Indomptables aient gardé le silence pendant plusieurs semaines. La décision n’est pas révolutionnaire, en atteste le maintien du sélectionneur Marc Brys. Ce qui diffère est la nomination des adjoints. François Omam Biyik et Ashu Besong – initiallement choisis – sont remplacés par par Martin Ndtoungou et David Pagou.
Bras de fer législatif
La grogne permanente entre la Fécafoot et le gouvernement camerounnais s’explique sous fond de législation. À gauche, la fédération de football s’appuie sur un texte de 2014 justifiant que la gestion administrative, sportive et technique – en bref, la nomination du sélectionneur – lui soit confiée, à droite, le ministère des Sports, qui indique la même chose concernant son camp, avec l’article d’une convention signée par la FECAFOOT en 2015.
Les tensions se sont accentuées quand la Chambre de Conciliation et d’Arbitrage (CCA) du Comité olympique camerounais (Cnosc) a décidé de suspendre les nominations de Fécafoot avec effet immédiat. Pour faire pression, la fédération a instantanément annoncé la suspension du staff et donc de Marc Brys.
Enième quiproquo
Le Cameroun doit préparer les deux prochains matchs des éliminatoires au Mondial 2026 respectivement contre le Cap-Vert et l’Angola les 8 et 11 juin. Cependant, la situation est encore floue concernant le rassemblement.
Les Lions Indomptables ont reçu des convocations distinctes : la première provenant de Benjamin Banlog, coordinateur des sélections, dirigé par le ministère des Sports, le second par la Fécafoot. Dans ce bazar, ont été réservés plusieurs vols d’avion différents, tout comme les lieux de rassemblements, à l’image du Stade militaire de Ngoa Ekelle et le complexe de Mundi. L’un est privilégié par le gouvernement et Marc Brys, ce qui n’est pas le cas de la fédération. À J-7 de l’arrivée programmée du groupe camerounais, un flou total.
Encore plus après ce premier échange entre Samuel Eto’o et Marc Brys, ce mardi 28 mai, où la tension était à son paroxysme. Le tacticien belge est arrivé avec Cyrille Tollo et autres envoyés du ministère des Sports. Ce qui n’a forcément pas plu au président de la Fécafoot. Le dialogue a dégénéré, vidéo à l’appui, jusqu’à ce que Samuel Eto’o ne pose l’ultimatum : « Et si vous partez, vous ne reviendrez plus. » Le Belge s’éxècute et l’ancien du Barça, énervé par la situation, s’empresse de convoquer le comité exécutif de la fédération. Des rebondissements, il y en aura encore et le microcosme du football africain attend avec impatience le prochain communiqué de la Fécafoot.