Première femme nord-africaine à gravir l’Everest en 2017, Bouchra Baibanou n’a cessé de repousser ses limites. La Marocaine de 53 ans enchaîne les ascensions au nom de l’égalité. PAR RUBEN DIAS. Extrait du Women Sports Africa N°8.
Véritable exemple de persévérance et de dépassement de soi. Bouchra Baibanou, 53 ans, a présenté en novembre 2023 une initiative forte : « Empowerment des jeunes filles issues de milieux défavorisés ». Le but étant d’augmenter leur autonomisation, leur pouvoir d’agir et leur confiance en elles. Un projet qui culmine après de nombreuses ascensions pour « un monde plus équitable ».
En février dernier, accompagnée de trois autres aventurières Nathalie Bondetti Lafrie (entrepreneure), Linda Benkacem (consultante) et Nadia Hathroubi Safsaf (journaliste), la Marocaine a conquis le plus haut sommet d’Afrique (5 895 m), en Tanzanie, le Kilimandjaro. Et cela, encore une fois, pour la bonne cause. Ensemble, les quatre femmes ont fondé le mouvement sportif et solidaire Trek4Good. Avec un objectif simple : « permettre aux jeunes filles de rêver », confiait Bouchra Baibanou pour le Bondy Blog.
Organisation d’un bootcamp
Grâce à cet exploit, et à une cagnotte en ligne, plus de 13 000 euros ont été recueillis. Ces fonds permettront la mise en place d’un bootcamp pour des jeunes filles âgées de 14 à 21 ans issues de mi- lieux défavorisés. Nourries et logées, elles participeront à des activités sportives comme des randonnées, mais aussi des activités culturelles et artistiques.
« En les inspirant à atteindre de nouveaux sommets dans leur vie, à poursuivre leurs rêves, à croire en elles et à surmonter les obstacles qui se dressent sur leur chemin », a indiqué l’initiatrice d’« Empowermeny » lors de la présentation du projet à la salle Allal Al Fassi de Rabat.
Dame des pics
Parce que oui, le moins que l’on puisse dire c’est que Bouchra Baibanou s’y connait en sommets. Première femme nord-africaine à gravir l’Everest, la Marocaine est surnommée la « dame des pics ». Cette dernière a atteint les « 7 sommets » sur les 7 continents. L’Everest (Asie) donc, l’Aconcagua (Amérique du Sud), le Denali (Amérique du Nord), le Kilimandjaro (Afrique), l’Elbrouz (Europe), le massif Vinson (Antarctique), et le Puncak Jaya (ou pyramide Carstensz). Ingénieure de formation, Bouchra est également la première femme arabe à gravir l’Annapurna (8.091 m) en avril 2022. Et l’alpiniste ne cesse de graver un peu plus son nom dans les livres d’histoire.
Du haut de son mètre 52, elle est par- venue au sommet du Lhotse en mai dernier. Un pic qui culmine à 8.516 m dans la chaîne de l’Himalaya. Une excursion qui dure en moyenne entre 7 et 8 semaines et un nouveau défi, très physique pour Bouchra Baibanou. « Gravir un sommet de plus de 8 000 m sans oxygène est un véritable challenge qui demande beaucoup de courage, de volonté et de détermination. Je prie Dieu pour que tout se passe bien », a-t-elle déclaré à la veille de son départ, avec une bonne dose d’adrénaline.
Véritable icône
Pour ces performances, le roi Mohammed VI l’a décorée de l’ordre du Ouissam alaouite – au grade d’officier – en 2015. Membre de la Fédération royale marocaine de ski et sports de montagne, celle qui a commencé l’alpinisme à 25 ans est une immense icône dans son pays. « Cela fait plusieurs années que j’essaie, à mon échelle, d’organiser des choses pour rendre heureuses de jeunes Marocaines », assure Bouchra Baibanou.
En 2018 par exemple, elle a emmené une trentaine d’entre elles au sommet du Mont Toubkal, le plus haut d’Afrique du Nord (4 167 m). Aujourd’hui, avec son nouveau projet inspirant : Empowerment, la maman d’une adolescente continue de mener sa barque : « Aujourd’hui, avec ce projet, j’essaye d’ai- der les jeunes filles afin de leur apporter tous les outils nécessaires notamment des soft skills pour réussir. Cela se fera à travers de nombreux workshops, qui vont les aider à améliorer leurs compétences quel que soit le domaine afin qu’elles puissent être prêtes pour le monde du travail », a-t-elle déclaré pour le média Le Matin. Un projet qui tient à cœur à Bouchra Baibanou, afin de montrer à tout le monde que « rien n’est impossible ».